Les TALENs ou nucléases effectrices de type activateur
de transcription sont des enzymes de restriction artificielles obtenues par
assemblage d’un domaine de liaison à l’ADN appelé TALE (pour Transcription Activator-Like Effector),
avec un domaine de clivage de l’ADN.
La combinaison de
ces deux domaines permet de générer des enzymes de restriction
spécifiques de n’importe quelle séquence d’ADN et de modifier le génome des
cellules dans lesquelles elles sont introduites.
II.Principe
-Domaine de liaison à l'ADN : TALE
Les TALE
sont des protéines sécrétées par un pathogène des plantes : la bactérie Xanthomonas. Un TALE est constitué de
séquences répétées en tandem. Chaque séquence répétée est constituée de 33 à 35
acides aminés très conservés à l’exception des acides aminés 12 et 13 (Repeat Variable Diresidue abrégé RVD)
impliqués dans la reconnaissance et la fixation d’un nucléotide spécifique. En
fait, chaque unité répétée va venir au contact d’un seul nucléotide, déterminé
par le RVD : le 13ème acide aminé reconnaît le nucléotide tandis que le
12ème est impliqué dans la stabilisation de l’unité. (1)
Figure
1 : Exemple d’association RVD-nucléotide fixé
-Domaine de clivage de l'ADN
Le domaine
de clivage de l’ADN est celui de l’endonucléase Fok1 qui fonctionne sous forme
de dimère : elle nécessite en conséquence deux constructions avec des
domaines de liaison à l’ADN dirigés contre des sites du génome, mais orientés
dans des directions opposées (tête-bêche).
Figure 2 : Structure d’une TALEN (2)
Les TALENs grâce leur capacité à induire des cassures
double brin de l’ADN, vont être utilisées pour réaliser des modifications du
génome.
III.Mode opératoire
1)Assemblage du TALE et ligation du TALE au domaine de clivage
La synthèse
artificielle du gène codant pour le TALE peut s’avérer problématique car les
séquences répétées du TALE sont susceptibles de s'hybrider entre elles et de former
des structures tige-boucle (ou épingles à cheveux).
Figure 3 : Différentes méthodes d’assemblage du
TALE (3)
A : Méthode Restriction
Enzymes And Ligation- (REAL) associant
les nucléotides deux à deux successivement après digestion par des enzymes de
restriction.
B : Méthode Golden
Gatecloning. Chaque nucléotide du TALE
est flanqué par les sites de reconnaissance d’une endonucléase de type IIS.Les
nucléotides du TALE s’assemblent en de petites séquences lors de la 1ère
étape. La seconde étape fait intervenir le site de reconnaissance d’une autre
endonucléase de type IIS, et permet l’assemblage du TALE complet.
C : Assemblage
Fast Ligation-based Automatable Solid-phase High-throughput (FLASH) utilisant d’une bille magnétique recouverte
de streptavidine, et liée de manière non covalente à un adaptateur ADN marqué à
la biotine (forme un complexe avec la streptavidine). La bille, grâce à
l’adaptateur ADN fixe le 1er nucléotide à la suite duquel vont
s’ajouter successivement les autres nucléotides constitutifs du TALE.
Une fois le TALE construit, elle est combinée au
domaine de clivage de Fok1. La TALEN ainsi obtenue peut être transférée dans la
cellule cible.
2)Transfection
Une fois
l’assemblage des domaines réalisé, ils sont insérés dans des plasmides pour être
transfectés par électroporation dans les cellules cibles, dans lesquelles les
TALENs vont s’exprimer et accéder à la séquence d’ADN à cliver.
IV.Présentation des résultats
Figure 4 : Les différentes possibilités d’édition
du génome (2)
La réparation par jonction d'extrémités non-homologues
peut induire des erreurs dans le génome par le biais d’indel (mutations
décalantes) susceptibles de rendre non
fonctionnel le produit codé par le gène.
La recombinaison homologue va permettre l’insertion, l’invalidation
(knock-out) ou encore le remplacement
d’un gène (knock-in). Elle permet aussi
de surexprimer un gène quand les TALENs sont couplées à un facteur de
transcription (2).
V.Intérêts et limites
Avant les TALENs, des nucléases à doigt de zinc (dont
le fonctionnement ressemble à celui des TALENs avec Fok1 comme nucléase et les
doigts de zinc comme domaine de liaison à l’ADN) étaient utilisées (3).
L’intérêt des
TALENs est leur plus haute spécificité (moins d’erreurs dans la reconnaissance
des séquences spécifiques) et leur moindre cytotoxicité (4,5).
1)Deng D, Yan C, Pan X,
Mahfouz M, Wang J, Zhu JK, Shi Y, Yan N. (2012). Structural basis for
sequence-specific recognition of DNA by TAL effectors. Science.335:720-723.
2)Sun N. and Zhao H. (2013). Transcription Activator-Like Effector
Nucleases (TALENs): A Highly Efficient and Versatile Tool for Genome Editing. Biotechnology and Bioengineering.110 (7):1811-1821.
3)Carroll D. (2011) Genome engineering with zinc-finger nucleases.
Genetics 188(4):773–782.
4)Miller JC, Tan S, Qiao G, Barlow KA, Wang J, Xia DF,
Meng X, Paschon DE, Leung E, Hinkley SJ, et al. (2011).
A TALE nuclease architecture for efficient genome editing. Nature Biotechnology.
29: 143–148.
5)Ding Q, Lee YK, Schaefer EA, Peters DT, Veres A, Kim
K, Kuperwasser N, Motola DL, Meissner TB, Hendriks WT, Trevisan M, Gupta RM,
Moisan A, Banks E, Friesen M, Schinzel RT, Xia F, Tang A, Xia Y,Figueroa E,
Wann A, Ahfeldt T, Daheron L, Zhang F, Rubin LL, Peng LF, Chung RT, Musunuru K,
Cowan CA. (2013). A
TALEN genome editing system for generating human stem cell-based disease
models. Cell Stem Cell. 12:238–251.